lundi 1 juillet 2013

Dime que me amas

Il est vrai que j'ai très peu écrit sur mon cher Kraipalokomos ce semestre-ci, mais il faut mettre ça sur le compte de ma dose croissante de travail à l'université ! Comment prendre le temps d'écrire quelques lignes supplémentaires chaque semaine quand il faut déjà rédiger une dissertation par jour? Comment, je vous le demande?! Non, ce semestre confirme bien la théorie disant que le nombre d'heures de loisir n'est pas forcément proportionnel au degré de productivité. J'ai été ce semestre-ci encore plus "al pedo" qu'au précédent, mais un peu moins "en pedo" tout de même...

Je suis partie de Cordoba hier après-midi. Déjà. J'y laisse deux maisons, de nombreux amis, de souvenirs rigolos, presqu'aucun qui soit triste. Je me vois encore arriver morte de trouille le 20 juillet 2012 après 11 heures passées dans le bus sans oser bouger le petit doigt, et toquer au timbre de la Ruka, un peu chancelante... Et là repartir le 29 juin 2013 avec encore un peu plus de bagages en discutant tranquillement avec le mec du taxi.

Ce semestre-ci, j'aurai passé le plus clair de mon temps au cineclub municipal Hugo de Carril. Un endroit merveilleux qui a servi à étayer ma culture cinématographique quasi inexistante. Pour 50 pesos par mois (soit 7€), on a un accès illimité aux salles de projection et à la location de DVD. De plus, leur programmation est éclectique et génialissime, jonglant entre grands classiques, films d'avant garde et cinéma latino-américain méconnu. Armée d'un thermos de thé et de ma couverture polaire préférée, j'y ai passé pas mal de soirées en diverse compagnie, mais la plupart du temps avec mon chez coloc Andrecito, aka "L"homme de la situation" x)

Dime que amas, Cineclub!

A la fin du semestre, j'étais presque pote avec les gens y travaillant quotidiennement. Pour couronner ce séjour en beauté, on va faire un tour au teatro minusculo, le théâtre d'improvisation proposé par le cineclub tous les vendredis soir. Placés au premier rang, ça n'a pas loupé : l'acteur a tout de suite remarqué nos têtes de vainqueurs d'étrangers et a improvisé tout son spectacle autour de nous... estrellas de la obra por una noche haha.

Un peu embarrassés d'être le clou du spectacle (ou plutôt la risée du public !)
Après avoir dit au revoir au cineclub tant aimé, il a fallu dire au revoir aux êtres humains (je les aime bien aussi). J'ai donc organisé une petite soirée de despedida, avec au menu asado de chori et de matambre (c'est-à-dire super barbecue de saucissses et de boeuf), desserts français et rhums arrangés. Des amis argentins sont même venus avec leurs instruments de musique et ont joué quelques morceaux de folklore argentin. Génialissime ! Les filles latino se sont mises à danser quelques pas de chacarera, une danse typique du nord de l'Argentine.

Mes valises bouclées lors du dernier quart d'heure, mes coloc' m'accompagnent jusque dans la rue en pyjama pour  un dernier adieu et choper un taxi... Qué triste ! =(

Ils sont tous plus élégants les uns que les autres... =P

Direction la gare ferroviaire ou pour 50 pesitos je parcours les 700 km et quelques qui séparent Cordoba de Buenos Aires... en 18h (théoriquement). Vous l'aurez compris, les trains en Argentine ne sont pas à la pointe de la modernité ni de la vélocité et datent pour la plupart de l'époque des péroniste (en témoigne la déco bien vieillotte). Ils circulent à vitesse trèèès réduite mais sont économiques : pour la même distance, le bus coûte environ 300 pesos (faits en 11h cela dit).
Heureusement, je rejoins une de mes anciennes coloc de la Ruka pour faire le trajet, avec son petit ami. Le voyage commence bien mais vers 21h, le train rentre en collision avec une voiture... le temps que les pompiers arrivent et fassent le nécessaire, on a été immobilisés 2 bonnes heures, ce qui a porté notre retard à trois heures au total ! Presqu'une journée dans le train, rempli par des gosses en plein dans l'apprentissage du sifflement, super...

Me voilà désormais à Buenos Aires, sirotant un café au caramel au Starbucks du coin (ouais, j'y peux rien, le Starbuks me rassure...^^).
J'occupe mes dernières heures en l'absence de Quentin, que je vais chercher à l'aéroport de Buenos Aires dans peu de temps. Je vais même passer la nuit là-bas car le service de bus s'arrête à minuit et que son vol devrait atterrir vers les 4h du mat'. Encore une nuit très confortable en perspective ;) 

samedi 6 avril 2013

La dernière étape du voyage : Mendoza et la région des vins

Mendoza est principalement connue pour sa production de vin, plus des deux tiers de la production argentine ! La ville est située en plein désert, mais il est assez difficile de s'en rendre compte étant donné l'efficace système d'irrigation et l'abondance des fontaines.



Nous avons eu beaucoup de chance, parce que nous avons justement été à Mendoza (sans le savoir au préalable) durant la Fiesta Nacional Vendimia (fête nacionale des vendanges), l’événement de l'année à Mendoza qui dure environ une semaine. Au programme : élection de miss de beauté, dégustations de vin gratuites, concerts et spectacles de tango dans les rues... =) De quoi clore notre séjour en beauté !

Ce vin-là on se fait plaiz' et on le déguste sur la terrasse du Hyatt Hotel ;)

Le vin n'est pas le seul attrait de la région de Mendoza. Province limitrophe au Chili, Mendoza est aussi située tout prêt de la partie haute de la Cordillère des Andes. Nous avons choisi de faire l'excursion Alta Montaña, qui nous a permis de voir le Cerro Aconcagua (le plus haut sommet d'Amérique, culminant à un peu moins de 7000 mètres) et le Puente del Inca.

Puente del Inca

Enjambant le Rio de las Cuevas, l'arche de pierre baptisé Puente del Inca (Pont de l'Inca) est l'une des merveilles naturelles du pays. El Puente del Inca doit sa couleur orange aux dépôts minéraux des eaux chaudes sulfureuses de la rivière. En contrebas, les ruines d'anciens bassins faisaient à l'origine partie d'un hôtel thermal détruit par une inondation.

Le lendemain, on a décidé de faire la route des vins du village de Maipu en bicyclette. On a eu une chance inouïe, car juste au moment où je vais demander des renseignements à l'accueil de notre auberge de jeunesse, un autre type venant de l'hôtel d'en face vient également pour les mêmes raisons. C'est un trentenaire de Buenos Aires qui travaille dans le milieu du vin, et qui prévoit de visiter les bodegas (caves à vin) en tant que client. Nous avons donc fait notre petite excursion ensemble, et il nous a fait passer gratuitement dans certaines bodegas. Qui plus est, les sommeliers ont sorti les très bonnes bouteilles en voyant débarquer ce potentiel acheteur de masse... todo bien !!!

Bodega Rutini de Maipu


C'est donc ainsi que s'achève notre superbe voyage en Patagonie ! Désormais les articles que je posterai sur Kraipalokomos seront bien plus triviaux, veuillez m'en excuser. Mais la faute aux obligations scolaires, je ne peux pas passer ma vie à vadrouiller =)

San Carlos de Bariloche

Reprenons les choses où je les avais laissées : après notre super croisière dans les fjords chiliens, nous avons de nouveau traversé la frontière pour retourner en Argentine et visiter la région des lacs en se basant à Bariloche.

Encore à 1300 km de Cordoba !


Bariloche est un très jolie ville au style que beaucoup qualifient de suisse ou allemand. La spécialité locale est le chocolat, qu'il est pourtant très rare de trouver noir. On a testé une tablette de chez Mamuschka, avec du dulce de leche et des amandes.
Bariloche est aussi la ville des chiens Saint-Bernard, à mon grand bonheur. J'ai donc pu caresser nombre de grosses bêtes bien baveuses accompagnées de leurs petits chiots la plupart du temps.



Nous ne sommes restés que quatre jours dans cette partie de l'Argentine qui est pourtant magnifique, car on commençait à être pressés par le temps.
On en a donc profité pour louer des vélo et faire le fameux "circuito chico", une boucle d'environ 35km le long du lago Moreno si je ne m'abuse. On avait fière allure avec nos casques et nos gilets fluo, mais ont a vu de splendides paysages dignes de cartes postales.



Nous avons ensuite filé vers le nord via la Ruta de los Siete Lagos, fortement vantée par le Lonely Planet mais qui finalement a été assez décevante... c'est sûrement parce qu'on l'a faite en bus et non en louant une voiture.
La fin de la Ruta de los Siete Lagos nous amène dans le charmant village de San Martin de los Andes, que j'ai beaucoup aimé. Cet endroit est nettement plus prospère que le reste de l'Argentine, j'en ai pour preuve le système de recyclage de la ville : en Argentine, pas de "tri sélectif" à proprement parler. Il y a un système d'envase, c'est-à-dire qu'ils n'y a que des bouteilles en verre qui ne sont jamais détruites, mais qui sont retournées au commerçant qui lui va les renvoyer au producteur pour qu'elles soit nettoyées et de nouveau remplies du même produit. Le consommateur, s'il retourne les bouteilles, se verra rembourser une partie de l'argent dépensé. A Bariloche, ce système que je trouve bon est encore amélioré puisqu'il est informatisé.

San Martin de los Andes est une petite ville située dans un endroit idyllique : au milieu de nulle part, plus facilement accessible par un réseau de lacs que par la route, le climat est très agréable parce que les montagnes environnantes protègent du vent. On a assisté à un magnifique coucher de soleil sur le petit port.

Le lac aux reflets d'or =)

vendredi 15 mars 2013

Papamericaaaano !

Même les Argentins n'avaient osé l'imaginer. Après l'annonce de l'élection de Jorge Mario Bergoglio par le conclave, il aura fallu quelques minutes pour que les Argentins, et derrière eux toute l'Amérique latine, réalisent qu'ils le tenaient enfin, "leur" pape.
Personnellement, j'ai été aussi un peu sonnée. C'est moi qui ai annoncé à mes coloc la nationalité du nouveau pontife, et ils ne m'ont pas crue sur le champ. Tout le monde ici a été très surpris, même les experts en religion (enfin selon mon prof de littérature), et en quelques minutes "Otra mano de Dios !" (Encore la main de Dieu !) est devenue  l'une des phrases les plus populaires parmi les statuts de mes amis Facebook, en référence à la "main de Dieu" de Diego Maradona.

Il faut dire que ce pape cumule les premières : premier pape non-européen, premier pape jésuite, premier François. 
Jorge Mario Bergoglio a donc choisi de se faire appeler Francisco. Cela fait référence à François d'Assise, qui a marqué l'histoire catholique par son approche de la pauvreté, qu'il considérait comme une noblesse. Ce qui semble bien correspondre au nouveau pontife. Adepte des voyages en bus et en métro par soucis de coût, Jorge Mario Bergoglio s'est fait un nom en persuadant des centaines d'Argentins de ne pas l'accompagner à Rome pour pouvoir revendre leurs billets d'avion et distribuer ensuite l'argent récolté aux pauvres.

La nouvelle messe sera désormais célébrée en partageant le corps du Christ sous forme de criollos et en buvant son sang matéifié...

Lors de sa première prise de parole en public en tant que pape, il a déclaré : “Parece que los cardenales me fueron a buscar al fin del mundo” (Il semble que les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde).
Clarín et La Nación (les deux principaux journaux argentins) saluent bien évidemment l'élection d'un pape du Nouveau Monde qu'ils qualifient d'évènement positif pour toute l'Amérique latine. Les deux quotidiens mettent aussi avant l'impact politique de cette élection : Jorge Bergoglio entretient de mauvaises relations avec les Kirchner et pour la présidente argentine, sa désignation est même une nouvelle assez gênante.

Cependant, l'élection de Bergoglio ne fait pas consensus en Argentine. J'ai pu assister lors de mon cours d'économie (niveau 4 s'il-vous-plaît, le meilleur dispensé à la UCC alors que tout le monde sait que je suis à l'économie ce que Tony Parker est à la chanson; je tente le truc mais je n'y arrive pas) à un débat très intéressant. Globalement, les étudiants argentins n'aiment pas le personnage de Bergoglio. Certains soulignent l'aspect positif de son élection donnant un rôle clef au niveau mondial à une personne de leur propre nation. D'autres regrettent le fait qu'il s'agisse justement de cet homme qui pourrait ternir leur image à l'international car il est entaché dans les affaires de la dictature militaire des années 1970.
Le jésuite à la mine austère a en effet été confronté à de graves accusations de collusion avec la junte militaire argentine dans les années 70. En 2005, un défenseur des droits de l'homme argentin avait porté plainte contre lui en l'accusant de s'être rendu complice de l'enlèvement de deux jésuites progressistes en 1976. Des accusations qu'il a toujours démenties.

Des membres du Front de Gauche ont relayé dès son élection les photos le montrant en train de bénir le général Videla, qui dirigea la dictature militaire.


Photo circulant sur Internet depuis mercredi, représentant de manière supposée Bergoglio donnant l'amnistie à Videla (chef de la dictature militaire). Cependant son authenticité serait mise en doute, l'identité de l'homme religieux ne saurant été certifiée.

A peine le nom du nouveau pape était-il connu que des interrogations sur son rôle pendant la dictature argentine (1976-1983) refaisaient surface. L'Eglise catholique argentine et l'ancien archevêque de Buenos Aires Jorge Mario Bergoglio sont accusés d'avoir gardé le silence sur les exactions commises alors par les militaires.
Pour autant, il apparaît difficile d'établir des responsabilités précises. D'abord parce que de nombreux documents de l'époque ont été détruits, ensuite parce que beaucoup des protagonistes sont morts.
Si l'Eglise argentine a déjà publiquement reconnu son silence coupable, Jorge Bergoglio a toujours démenti les accusations portées contre lui. Les plus précises sont venues du journaliste Horacio Verbitsky, qui assure que Bergoglio, alors patron de l'ordre des jésuites, aurait donné son feu vert à l'armée pour l'enlèvement de deux prêtres. Pure calomnie selon lui.

Aujourd'hui, quatre catholiques sur dix sont des Latino-Américains. L'Amérique latine compte 200 millions de catholiques de plus qu'en Europe. Le changement est à portée historique.
Ce fut un évènement très intéressant à observer depuis l'intérieur du pays et qui m'aura aidé à comprendre encore un peu mieux la culture de mon pays d'accueil.
Voici de manière un peu humoristique une autre façon de considérer cette élection :

"Ce que le monde a vu" // "Ce que les Argentins ont vu"

dimanche 10 mars 2013

Señores pasajeros, les informamos que hemos llegado a la Isla de Chiloé !

Après quatre jours sur le bateau, un bal karaoké et une partie de Bingo déjantée, on s'est fait plein de copains sur le bateau. Notamment Eduard et Manuel, qui se sont révélés être de précieux alliés pour la suite de notre voyage.

Tout deux sont hispanophones (Manuel est Colombien et Eduard Espagnol), ce qui fait qu'on a vraiment bien pratiqué l'idiome de Cervantès à coup de Ska-P et de Desorden publico dans la voiture qu'on a louée ensemble à Puerto Montt pour aller direction... Isla de Chiloé !

Notre itinéraire en bateau depuis Puerto Natales. Tout au nord, vous pouvez voir l'Isla de Chiloé.


Là encore, on a suivi les conseils d'un gars québécois qu'on avait rencontré en Patagonie argentine. L'île serait une sorte d'Irlande chilienne : il pleut sans cesse, les éclaircies sont aussi belles que rares et la végétation est luxuriante (ce qui tranche radicalement avec la Patagonie argentine).

 Palafitos de Castro, Isla de Chiloé, Chile


L'île Chiloé est en fait un village de pêcheurs resté très traditionnel. Comme vous pouvez le voir, la plupart des maisons sont construites sur pilotis (Palafitos ) en raison des fortes précipitations. Les teintes très vives font un peu penser au quartier de la Boca à Buenos Aires, parce que les peintures des bateaux de pêche sont réutilisées afin de colorer les habitations.
La location de voiture fut idéale pour explorer l'île. Eduard conduisant avec autant de prudence que mon grand père paternel, on visite l'île au rythme de ses coups de klaxon. Ce qui fait la célébrité de Chiloé est la présence d'églises de bois, dont 16 sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Iglesia jesuita, Isla de Chiloé

La région a gardé un système de croyances assez exotique pour la petite Française que je suis :
- Le Caleuche apparaît comme un beau vaisseau illuminé duquel parvient des sons de fêtes. Il peut disparaître rapidement sous l'eau. La légende raconte qu'il s'agit de la dernière demeure des personnes qui se sont noyées en mer. Trois personnages amènent ces âmes à bord : il s'agit de la sirena chilota (un type de sirène de l'île de Chiloé), de la pincoya et de leur frère, le pincoy. Une fois à bord, les morts peuvent reprendre une existence normale et même une vie éternelle. Les habitants de Chiloé racontent également que Brujos de Chiloé (une sorte de sorcier), se plaît à prendre part à la fête à bord, qu'il peut atteindre en invoquant le cheval marin de Chiloé, une sorte d'hippocampe mythique.
- Le Trauco est une créature anthropomorphe de petite taille, avec des jambes sans pieds, semblable à un nain ou gobelin, qui vit dans les forêts profondes de Chiloé. Il a un magnétisme puissant qui attire les jeunes et les femmes. La femme qui est choisie par le Trauco ne peut résister à l'attrait magique, et donc se soustraire à avoir des relations avec lui. Le Trauco est parfois invoqué pour expliquer les grossesses non désirées, surtout chez les femmes non mariées. Les hommes de Chiloé craignent le trauco, dont le regard peut être mortel.
- La Pincoya a de longs cheveux blonds et chacun s'en amourache au premier regard. Lorsqu'elle danse sur le rivage, son intimité cachée à la vue des habitants de l'archipel par ses seuls cheveux, on peut y lire la prévision d'une bonne année pour la récolte de coquillages selon qu'elle soit ou non tournée vers la mer.

Voici une illustration du syncrétisme religieux opéré à Chiloé : la figure du Christ est entourée par les représentations du folklore chilote.
On a eu la chance de visiter l'île de Chiloé durant la semana de la fiesta Costumbrista, au cours de laquelle nombre de mets typiques sont préparés et mis à disposition de la population. Là-bas, il faut notamment tester le curanto, plat à base de fruits de mer et de charcuterie.
Bref, on s'est vraiment bien amusé à Chiloé, où on aura commencé à tisser de vrais liens l'amitié avec nos compagnons de voyage.

Une autre preuve de syncrétisme religieux à Chiloé... ;)

samedi 9 mars 2013

Crucero por los fiordos chilenos

Au cours de notre voyage, Pierre et moi avons rencontré pas mal de gens, pour la plupart âgés d'une trentaine d'années ou bien retraités. Plusieurs nous avaient parlé d'une croisière proposée par l'entreprise Navimag entre Puerto Montt et Puerto Natales au Chili. L'embarcation ressemble plus à un cargo qu'à un bateau de croisière car Navimag transporte également des marchandises en plus des passagers, ce qui fait que les prix sont relativement accessibles.

El buque Navimag


Quatre jours de voyage dans cette partie du monde où la terre fait de la dentelle avec les eaux du Pacifique ! Le réveil au premier matin a été fantastique : le commandant de bord nous réveille au micro et nous invite à mettre le nez dehors. On peut voir le soleil se lever, un arc en ciel passer au dessus du bateau, des condors volant juste au dessus de nous, des lions de mer assoupis sur une île et quelques dauphins sauter à côté du bateau...




La journée, des activités sont organisées autour de la faune et de la flore de la région. J'ai donc assisté à une conférence sur les oiseaux de Patagonie, sur les manchots de Magellan, sur les dauphins de Commerson et sur la confection des noeuds marins entre autres. Le soir, des films étaient projetés dans le comedor, comme La marche de l'empereur notamment.

Ce furent donc quatre jours de détente et de lecture à s'engraisser après avoir bien sué une petite semaine au parque Torres del Paine. Je suis tombée en rade de lecture dès mon premier soir sur le bateau, ce qui m'a forcée à partir en quête d'un livre à me mettre sous la dent. La chasse s'est révélée fructueuse puisque j'ai bien engagé la conversation avec le jeune Espagnol m'ayant prêté son bouquin (El Alquimista de Paulo Coelho, un joli conte). Cette rencontre fut une aubaine car nous avons voyagé ensemble par la suite, ce qui nous aura même permis de louer une voiture.

La croisière fut très reposante, mais il m'a paru étrange de refréquenter ce milieu très touristique. Je me suis rendue compte qu'on avait déjà acquis une grande connaissance de l'Amérique du sud à travers le contenu des conférences qu'on connaissait déjà plus ou moins. De plus, partager ces quatre jours uniquement avec des touristes pour la plupart européens (donc très peu de gens d'Amérique du sud) a été en décalage avec le restant de notre voyage : l'ambiance sur le bateau n'était pas particulièrement conviviale les premiers jours et il fut étrange de se heurter de nouveau à des rapports sociaux très distants.

vendredi 8 mars 2013

Trekking al Parque nacional Torres del Paine, Chile

S'élevant presque à la verticale à près de 3000 m au dessus de la steppe patagone, les Torres del Paine ("tours du Paine"), spectaculaire massif de granit dominent ce parc national parmi les plus beaux d'Amérique du Sud.

Lever de soleil a la base Torres


C'était le grand défi de notre voyage, et on y a survécu haha. On est allé jusqu'à Puerto Natales au Chili pour préparer notre trekking. Sur place, on a dévalisé le supermarché en achetant moult boîtes de thon, pain de mie, barres de céréales, fromage Philadelphia, pommes Granny Smith et tablettes de chocolat. Vous l'avez compris, notre régime alimentaire n'a guère été varié durant cette petite semaine. Mais d'un autre côté, c'était soit serrer sa ceinture et s'alléger le dos, soit manger correctement mais chargés comme des baudets.
Le parque Torres del Paine est connu pour son circuit en forme de W, se faisant en 4 jours environ. Cet itinéraire traverse des paysages très variés, allant de la cascade au glacier en passant par des forêts touffues infestées de rongeurs. On a choisi de le faire en campant le soir (c'est là où la tente qu'on avait eue à prix bradé à Puerto San Julian nous aura été fort utile). C'est donc dans de rudimentaires conditions qu'on a fourni un effort physique assez important. Le plus difficile n'était pas forcément le parcours en soit, mais plutôt le fait de se trimbaler la mochila (comprendre sac à dos) d'une bonne dizaine de kilo sans cesse sur le dos (meurtri au bout de 5h...).

C'est en connaissant le combo tente et sandwich au thon que l'association auberge de jeunesse et spag bolo te paraît soudain presque luxueuse...

Le premier matin, on se lève à 4h du mat' pour aller voir le lever de soleil au point le plus haut du parc. J'utilise donc ma lampe frontale et guide le petit groupe dans les sentiers escarpés et caillouteux de nuit. Arrivés à la base Torres vers 5h30, on se les gèle grave pendant une bonne heure, avant de pouvoir enfin admirer le spectacle qui effectivement en valait la peine. Qui plus est, le temps est magnifique et laisse filtrer des couleurs détonantes et étonnantes, passant du violet foncé à l'orange éclatant en une quinzaine de minutes. Il faisait tellement froid et il y avait tellement de vent que je me suis réfugiée entre quatre cailloux en attendant ce fantastique lever de soleil... l'endroit était franchement dangereux, car les gros rochers en équilibre précaire menaçaient de m'écrabouiller radicalement. Je me suis surprise à penser : "Fuck, je reste quand même dans ce trou à rat, il fait vraiment trop froid."

Le troisième jour, je suis malheureusement tombée malade à cause de l'eau de la rivière que tout le monde boit pourtant là-bas. La plupart des gens la supportent très bien, mais pour ma part j'ai passé la nuit à vomir par dessus le auvent de la tente (sans que Pierre ne daigne m'aider, parait-il qu'il ne m'aurait point entendue, ce goujat). Le lendemain, j'étais trèèèèèèèès mal. M'étant déshydratée au cours de la nuit, j'étais contrainte de reboire. Le fait de reboire cette eau que ne pouvait supporter mon estomac me rendait à nouveau malade, etc. Du coup, je vomissais groso modo toutes les deux heures en étant contrainte de continuer à marcher... Inutile de vous dire que les paysages m'ont semblés moins beaux. Voilà pourtant ce à quoi ça ressemblait :

Valle del frances, parque nacional Torres del Paine, Chile


C'est donc complètement cuits qu'on a terminé ce magnifique trekking de quatre jours en Patagonie chilienne, en décidant de prendre trois jours de repos total par derrière à Puerto Natales. Il fallait  en effet attendre jusqu'au lundi soir pour l'embarquement Navimag : on avait décidé entre temps de s'offrir le luxe d'une croisière le long des fjords chiliens... Une aventure, certes moins palpitante que celle du Titanic est donc à suivre... ;)

"Je te parie que dans 5mn, tout le monde pionce dans ce bus !"