vendredi 15 mars 2013

Papamericaaaano !

Même les Argentins n'avaient osé l'imaginer. Après l'annonce de l'élection de Jorge Mario Bergoglio par le conclave, il aura fallu quelques minutes pour que les Argentins, et derrière eux toute l'Amérique latine, réalisent qu'ils le tenaient enfin, "leur" pape.
Personnellement, j'ai été aussi un peu sonnée. C'est moi qui ai annoncé à mes coloc la nationalité du nouveau pontife, et ils ne m'ont pas crue sur le champ. Tout le monde ici a été très surpris, même les experts en religion (enfin selon mon prof de littérature), et en quelques minutes "Otra mano de Dios !" (Encore la main de Dieu !) est devenue  l'une des phrases les plus populaires parmi les statuts de mes amis Facebook, en référence à la "main de Dieu" de Diego Maradona.

Il faut dire que ce pape cumule les premières : premier pape non-européen, premier pape jésuite, premier François. 
Jorge Mario Bergoglio a donc choisi de se faire appeler Francisco. Cela fait référence à François d'Assise, qui a marqué l'histoire catholique par son approche de la pauvreté, qu'il considérait comme une noblesse. Ce qui semble bien correspondre au nouveau pontife. Adepte des voyages en bus et en métro par soucis de coût, Jorge Mario Bergoglio s'est fait un nom en persuadant des centaines d'Argentins de ne pas l'accompagner à Rome pour pouvoir revendre leurs billets d'avion et distribuer ensuite l'argent récolté aux pauvres.

La nouvelle messe sera désormais célébrée en partageant le corps du Christ sous forme de criollos et en buvant son sang matéifié...

Lors de sa première prise de parole en public en tant que pape, il a déclaré : “Parece que los cardenales me fueron a buscar al fin del mundo” (Il semble que les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde).
Clarín et La Nación (les deux principaux journaux argentins) saluent bien évidemment l'élection d'un pape du Nouveau Monde qu'ils qualifient d'évènement positif pour toute l'Amérique latine. Les deux quotidiens mettent aussi avant l'impact politique de cette élection : Jorge Bergoglio entretient de mauvaises relations avec les Kirchner et pour la présidente argentine, sa désignation est même une nouvelle assez gênante.

Cependant, l'élection de Bergoglio ne fait pas consensus en Argentine. J'ai pu assister lors de mon cours d'économie (niveau 4 s'il-vous-plaît, le meilleur dispensé à la UCC alors que tout le monde sait que je suis à l'économie ce que Tony Parker est à la chanson; je tente le truc mais je n'y arrive pas) à un débat très intéressant. Globalement, les étudiants argentins n'aiment pas le personnage de Bergoglio. Certains soulignent l'aspect positif de son élection donnant un rôle clef au niveau mondial à une personne de leur propre nation. D'autres regrettent le fait qu'il s'agisse justement de cet homme qui pourrait ternir leur image à l'international car il est entaché dans les affaires de la dictature militaire des années 1970.
Le jésuite à la mine austère a en effet été confronté à de graves accusations de collusion avec la junte militaire argentine dans les années 70. En 2005, un défenseur des droits de l'homme argentin avait porté plainte contre lui en l'accusant de s'être rendu complice de l'enlèvement de deux jésuites progressistes en 1976. Des accusations qu'il a toujours démenties.

Des membres du Front de Gauche ont relayé dès son élection les photos le montrant en train de bénir le général Videla, qui dirigea la dictature militaire.


Photo circulant sur Internet depuis mercredi, représentant de manière supposée Bergoglio donnant l'amnistie à Videla (chef de la dictature militaire). Cependant son authenticité serait mise en doute, l'identité de l'homme religieux ne saurant été certifiée.

A peine le nom du nouveau pape était-il connu que des interrogations sur son rôle pendant la dictature argentine (1976-1983) refaisaient surface. L'Eglise catholique argentine et l'ancien archevêque de Buenos Aires Jorge Mario Bergoglio sont accusés d'avoir gardé le silence sur les exactions commises alors par les militaires.
Pour autant, il apparaît difficile d'établir des responsabilités précises. D'abord parce que de nombreux documents de l'époque ont été détruits, ensuite parce que beaucoup des protagonistes sont morts.
Si l'Eglise argentine a déjà publiquement reconnu son silence coupable, Jorge Bergoglio a toujours démenti les accusations portées contre lui. Les plus précises sont venues du journaliste Horacio Verbitsky, qui assure que Bergoglio, alors patron de l'ordre des jésuites, aurait donné son feu vert à l'armée pour l'enlèvement de deux prêtres. Pure calomnie selon lui.

Aujourd'hui, quatre catholiques sur dix sont des Latino-Américains. L'Amérique latine compte 200 millions de catholiques de plus qu'en Europe. Le changement est à portée historique.
Ce fut un évènement très intéressant à observer depuis l'intérieur du pays et qui m'aura aidé à comprendre encore un peu mieux la culture de mon pays d'accueil.
Voici de manière un peu humoristique une autre façon de considérer cette élection :

"Ce que le monde a vu" // "Ce que les Argentins ont vu"

dimanche 10 mars 2013

Señores pasajeros, les informamos que hemos llegado a la Isla de Chiloé !

Après quatre jours sur le bateau, un bal karaoké et une partie de Bingo déjantée, on s'est fait plein de copains sur le bateau. Notamment Eduard et Manuel, qui se sont révélés être de précieux alliés pour la suite de notre voyage.

Tout deux sont hispanophones (Manuel est Colombien et Eduard Espagnol), ce qui fait qu'on a vraiment bien pratiqué l'idiome de Cervantès à coup de Ska-P et de Desorden publico dans la voiture qu'on a louée ensemble à Puerto Montt pour aller direction... Isla de Chiloé !

Notre itinéraire en bateau depuis Puerto Natales. Tout au nord, vous pouvez voir l'Isla de Chiloé.


Là encore, on a suivi les conseils d'un gars québécois qu'on avait rencontré en Patagonie argentine. L'île serait une sorte d'Irlande chilienne : il pleut sans cesse, les éclaircies sont aussi belles que rares et la végétation est luxuriante (ce qui tranche radicalement avec la Patagonie argentine).

 Palafitos de Castro, Isla de Chiloé, Chile


L'île Chiloé est en fait un village de pêcheurs resté très traditionnel. Comme vous pouvez le voir, la plupart des maisons sont construites sur pilotis (Palafitos ) en raison des fortes précipitations. Les teintes très vives font un peu penser au quartier de la Boca à Buenos Aires, parce que les peintures des bateaux de pêche sont réutilisées afin de colorer les habitations.
La location de voiture fut idéale pour explorer l'île. Eduard conduisant avec autant de prudence que mon grand père paternel, on visite l'île au rythme de ses coups de klaxon. Ce qui fait la célébrité de Chiloé est la présence d'églises de bois, dont 16 sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Iglesia jesuita, Isla de Chiloé

La région a gardé un système de croyances assez exotique pour la petite Française que je suis :
- Le Caleuche apparaît comme un beau vaisseau illuminé duquel parvient des sons de fêtes. Il peut disparaître rapidement sous l'eau. La légende raconte qu'il s'agit de la dernière demeure des personnes qui se sont noyées en mer. Trois personnages amènent ces âmes à bord : il s'agit de la sirena chilota (un type de sirène de l'île de Chiloé), de la pincoya et de leur frère, le pincoy. Une fois à bord, les morts peuvent reprendre une existence normale et même une vie éternelle. Les habitants de Chiloé racontent également que Brujos de Chiloé (une sorte de sorcier), se plaît à prendre part à la fête à bord, qu'il peut atteindre en invoquant le cheval marin de Chiloé, une sorte d'hippocampe mythique.
- Le Trauco est une créature anthropomorphe de petite taille, avec des jambes sans pieds, semblable à un nain ou gobelin, qui vit dans les forêts profondes de Chiloé. Il a un magnétisme puissant qui attire les jeunes et les femmes. La femme qui est choisie par le Trauco ne peut résister à l'attrait magique, et donc se soustraire à avoir des relations avec lui. Le Trauco est parfois invoqué pour expliquer les grossesses non désirées, surtout chez les femmes non mariées. Les hommes de Chiloé craignent le trauco, dont le regard peut être mortel.
- La Pincoya a de longs cheveux blonds et chacun s'en amourache au premier regard. Lorsqu'elle danse sur le rivage, son intimité cachée à la vue des habitants de l'archipel par ses seuls cheveux, on peut y lire la prévision d'une bonne année pour la récolte de coquillages selon qu'elle soit ou non tournée vers la mer.

Voici une illustration du syncrétisme religieux opéré à Chiloé : la figure du Christ est entourée par les représentations du folklore chilote.
On a eu la chance de visiter l'île de Chiloé durant la semana de la fiesta Costumbrista, au cours de laquelle nombre de mets typiques sont préparés et mis à disposition de la population. Là-bas, il faut notamment tester le curanto, plat à base de fruits de mer et de charcuterie.
Bref, on s'est vraiment bien amusé à Chiloé, où on aura commencé à tisser de vrais liens l'amitié avec nos compagnons de voyage.

Une autre preuve de syncrétisme religieux à Chiloé... ;)

samedi 9 mars 2013

Crucero por los fiordos chilenos

Au cours de notre voyage, Pierre et moi avons rencontré pas mal de gens, pour la plupart âgés d'une trentaine d'années ou bien retraités. Plusieurs nous avaient parlé d'une croisière proposée par l'entreprise Navimag entre Puerto Montt et Puerto Natales au Chili. L'embarcation ressemble plus à un cargo qu'à un bateau de croisière car Navimag transporte également des marchandises en plus des passagers, ce qui fait que les prix sont relativement accessibles.

El buque Navimag


Quatre jours de voyage dans cette partie du monde où la terre fait de la dentelle avec les eaux du Pacifique ! Le réveil au premier matin a été fantastique : le commandant de bord nous réveille au micro et nous invite à mettre le nez dehors. On peut voir le soleil se lever, un arc en ciel passer au dessus du bateau, des condors volant juste au dessus de nous, des lions de mer assoupis sur une île et quelques dauphins sauter à côté du bateau...




La journée, des activités sont organisées autour de la faune et de la flore de la région. J'ai donc assisté à une conférence sur les oiseaux de Patagonie, sur les manchots de Magellan, sur les dauphins de Commerson et sur la confection des noeuds marins entre autres. Le soir, des films étaient projetés dans le comedor, comme La marche de l'empereur notamment.

Ce furent donc quatre jours de détente et de lecture à s'engraisser après avoir bien sué une petite semaine au parque Torres del Paine. Je suis tombée en rade de lecture dès mon premier soir sur le bateau, ce qui m'a forcée à partir en quête d'un livre à me mettre sous la dent. La chasse s'est révélée fructueuse puisque j'ai bien engagé la conversation avec le jeune Espagnol m'ayant prêté son bouquin (El Alquimista de Paulo Coelho, un joli conte). Cette rencontre fut une aubaine car nous avons voyagé ensemble par la suite, ce qui nous aura même permis de louer une voiture.

La croisière fut très reposante, mais il m'a paru étrange de refréquenter ce milieu très touristique. Je me suis rendue compte qu'on avait déjà acquis une grande connaissance de l'Amérique du sud à travers le contenu des conférences qu'on connaissait déjà plus ou moins. De plus, partager ces quatre jours uniquement avec des touristes pour la plupart européens (donc très peu de gens d'Amérique du sud) a été en décalage avec le restant de notre voyage : l'ambiance sur le bateau n'était pas particulièrement conviviale les premiers jours et il fut étrange de se heurter de nouveau à des rapports sociaux très distants.

vendredi 8 mars 2013

Trekking al Parque nacional Torres del Paine, Chile

S'élevant presque à la verticale à près de 3000 m au dessus de la steppe patagone, les Torres del Paine ("tours du Paine"), spectaculaire massif de granit dominent ce parc national parmi les plus beaux d'Amérique du Sud.

Lever de soleil a la base Torres


C'était le grand défi de notre voyage, et on y a survécu haha. On est allé jusqu'à Puerto Natales au Chili pour préparer notre trekking. Sur place, on a dévalisé le supermarché en achetant moult boîtes de thon, pain de mie, barres de céréales, fromage Philadelphia, pommes Granny Smith et tablettes de chocolat. Vous l'avez compris, notre régime alimentaire n'a guère été varié durant cette petite semaine. Mais d'un autre côté, c'était soit serrer sa ceinture et s'alléger le dos, soit manger correctement mais chargés comme des baudets.
Le parque Torres del Paine est connu pour son circuit en forme de W, se faisant en 4 jours environ. Cet itinéraire traverse des paysages très variés, allant de la cascade au glacier en passant par des forêts touffues infestées de rongeurs. On a choisi de le faire en campant le soir (c'est là où la tente qu'on avait eue à prix bradé à Puerto San Julian nous aura été fort utile). C'est donc dans de rudimentaires conditions qu'on a fourni un effort physique assez important. Le plus difficile n'était pas forcément le parcours en soit, mais plutôt le fait de se trimbaler la mochila (comprendre sac à dos) d'une bonne dizaine de kilo sans cesse sur le dos (meurtri au bout de 5h...).

C'est en connaissant le combo tente et sandwich au thon que l'association auberge de jeunesse et spag bolo te paraît soudain presque luxueuse...

Le premier matin, on se lève à 4h du mat' pour aller voir le lever de soleil au point le plus haut du parc. J'utilise donc ma lampe frontale et guide le petit groupe dans les sentiers escarpés et caillouteux de nuit. Arrivés à la base Torres vers 5h30, on se les gèle grave pendant une bonne heure, avant de pouvoir enfin admirer le spectacle qui effectivement en valait la peine. Qui plus est, le temps est magnifique et laisse filtrer des couleurs détonantes et étonnantes, passant du violet foncé à l'orange éclatant en une quinzaine de minutes. Il faisait tellement froid et il y avait tellement de vent que je me suis réfugiée entre quatre cailloux en attendant ce fantastique lever de soleil... l'endroit était franchement dangereux, car les gros rochers en équilibre précaire menaçaient de m'écrabouiller radicalement. Je me suis surprise à penser : "Fuck, je reste quand même dans ce trou à rat, il fait vraiment trop froid."

Le troisième jour, je suis malheureusement tombée malade à cause de l'eau de la rivière que tout le monde boit pourtant là-bas. La plupart des gens la supportent très bien, mais pour ma part j'ai passé la nuit à vomir par dessus le auvent de la tente (sans que Pierre ne daigne m'aider, parait-il qu'il ne m'aurait point entendue, ce goujat). Le lendemain, j'étais trèèèèèèèès mal. M'étant déshydratée au cours de la nuit, j'étais contrainte de reboire. Le fait de reboire cette eau que ne pouvait supporter mon estomac me rendait à nouveau malade, etc. Du coup, je vomissais groso modo toutes les deux heures en étant contrainte de continuer à marcher... Inutile de vous dire que les paysages m'ont semblés moins beaux. Voilà pourtant ce à quoi ça ressemblait :

Valle del frances, parque nacional Torres del Paine, Chile


C'est donc complètement cuits qu'on a terminé ce magnifique trekking de quatre jours en Patagonie chilienne, en décidant de prendre trois jours de repos total par derrière à Puerto Natales. Il fallait  en effet attendre jusqu'au lundi soir pour l'embarquement Navimag : on avait décidé entre temps de s'offrir le luxe d'une croisière le long des fjords chiliens... Une aventure, certes moins palpitante que celle du Titanic est donc à suivre... ;)

"Je te parie que dans 5mn, tout le monde pionce dans ce bus !"

mardi 5 mars 2013

Glaciar Perito Moreno

On vous dira souvent que le glaciar Perito Moreno est un des incontournables de l'Argentine, la version glacée des chutes de l'Iguazu. C'est donc avec une promesse d'inoubliable et de chef d'oeuvre naturel que Pierre et moi nous préparons à visiter le parque nacional de los glaciares de bon matin, après avoir passé une nuit assez désastreuse sans petit dej' dans une auberge de jeunesse juive (ici, les auberges de jeunesse juives sont toujours bon marché, diverses rumeurs circulent à propos du pourquoi de ces prix qui défient toute concurrence).
Le glaciar Moreno est un des champs de glace les plus mobiles et les plus accessibles de la planète. Il mesure 30km de long, 5km de large et 60m de haut, mais c'est sa constante avancée qui le rend véritablement exceptionnel. Parcourant jusqu'à 2m par jour, il a créé des icebergs de la taille de tours d'immeuble à sa surface.

Glaciar Moreno, provincia de Santa Cruz

Incroyables rivières de glace aux contours en perpétuels changements, les glaciers ont quelque chose de magique. Pour ceux qui auraient oublié leurs cours de SVT, voici un petit résumé :

"Le coeur du glacier est constitué par la zone d'accumulation. C'est là que la neige tombe, se comprime et se transforme en glace. Sous l'effet du poids, le glacier glisse peu à peu vers l'aval. Au cours du glissement, la glace commence à fondre à la base, se mélangeant au passage avec de la terre et des pierres. Il se forme ainsi une sorte de lubrifiant qui permet au glacier de continuer son avancée. Les déplacements successifs provoquent des fissures et des déformations dans la glace, des crevasses. Dans le même temps, des débris de rochers sont repoussés de chaque côté du glacier, formant des moraines. A l'opposé de la zone d'accumulation, où le glacier se remplit, la zone d'ablation désigne le lieu, à la base, où la glace fond. Si la neige tombe davantage dans la zone d'accumulation, le glacier avance, dans le cas contraire il recule.
D'où vient la couleur bleue des glaciers? Lorsque la glace n'est pas compactée, il se forme des bulles d'air dans lesquelles s'infiltrent les rayons de grande longueur d'onde de la lumière blanche. C'est pourquoi ces zones nous paraissent blanches. Lorsque la glace est comprimée sous l'effet de son poids, seule la lumière bleue (rayons de courte longueur d'onde) peut s'infiltrer. Plus la glace est compacte, plus le chemin à parcourir par la lumière est long, et plus la glace paraît bleue. Lorsque le glacier fond et que les icebergs se détachent, ils entraînent dans leur chute de la "farine glaciaire" provenant de l'érosion du lit du glacier. C'est ce qui donne aux lacs une couleur grise un peu laiteuse. Parfois, les sédiments ne se déposent pas au fond du lac et diffractent la lumière du soleil. La couleur de l'eau prend alors d'étonnantes nuances turquoise, azur ou bleu pâle, caractéristiques de ces paysages de glace comme sortis d'un autre monde."

J'espère que vous aurez su apprécier ce laaaarge plagiat du Lonely Planet !

Les glaciers sont effectivement un spectacle inoubliable, aussi bien visuellement qu'auditivement. J'ai eu la chance d'entendre de gros blocs de glace se détacher et tomber avec fracas dans le lac. Autrement, le glacier "craque" sans cesse, ce qui rend le spectacle vivant, malgré la position statique à laquelle est contraint le visiteur.
Contrairement à la grosse majorité des parcs nationaux argentins, celui-ci est particulièrement facile d'accès. Quel panard de descendre du bus et d'arriver directement sur une passerelle de bois menant derechef à ce qu'il faut voir !

vendredi 1 mars 2013

Parque Nacional Monte Leon

Ces deux jours à Monte Leon furent le passage vraiment aventurier de notre voyage, me donnant tellement de fil à retordre et d'imprévus que je m'en suis arraché quelques cheveux...
Le trafic est quasi inexistant dans ce coin de l'Argentine. Avec l'ami Pedro, on décide donc de faire du stop et on se poste à la sortie de San Julian, au niveau de la station d'essence. Une quinzaine de minutes plus tard, un transporteur de laine et son acolyte nous embarquent. Ils nous déposent au cruce de Piedrabuena, point à partir duquel un autre camion nous emmène jusqu'à l'entrée du parc. Au total, un peu plus de 200km parcourus sans avoir perdu de temps et en ayant rencontré des Argentins fort aimables mais cependant un peu chelous, il faut l'admettre !^^
Enivrés par notre succès routier, on franchit tout fringants ce qu'on pense être l'entrée du parc Monte Leon, toujours chargés comme des bêtes de somme.

Pseudo entrée du parc national Monte Leon
Une fois arrivés au bureau des guardaparques, ceux-ci nous annoncent que la véritable entrée du parc se situe en fait à 6 km plus loin sur la RN3, et qu'il faut parcourir encore 19km de chemin terreux pour accéder à la côte atlantique, ce qui constitue l'intérêt du parc... Seuls au milieu de nulle part, avec une tente, un duvet et un paquet de gâteaux secs, j'hésite à reprendre tout de suite le stop et à descendre le plus rapidement possible au sud de l'Argentine et à abandonner l'étape Monte Leon. Pierre réussit cependant à me motiver pour entreprendre la visite du parc. Bien lui en prit, car quelques heures plus tard une famille de hippies en camionnette nous fait parcourir les 25km nous séparant du camping et de la plage.
Mais les déboires ne sont pas finis ! En sortant de la camionnette, un vent suuuuper fort nous cingle le visage.   On ne se démonte pas, maintenant qu'on est là, et on se dit que monter la tente tout de suite ne serait pas une super idée, on risquerait de la retrouver en terre de feu sur le canal de Beagle...
On visite donc le parc, emmitouflés dans nos parkas et on affronte les éléments. Au cours de notre ballade, on aura croisé plus de pingouins, de lions de mer et de guanacos que d'êtres humains. La côte est superbe, on a vraiment l'impression d'être à l'autre bout du monde. 

Parque Nacional Monte Leon, provincia de Santa Cruz

Vers 18h, épuisés et frigorifiés par le vent, on décide de se couler sous la tente. Près de nos emplacements, un couple de Français à la retraite en camping car s'est installé. L'homme, sympathisant pour nos têtes d'étudiants d’hurluberlus paumés nous invite à prendre un café dans ce qui nous parait être un cinq étoiles en comparaison avec notre tente d'occasion sans matelas de sol. Le couple de voyageur sexagénaire nous garde sous sa coupe pendant deux heures environ. La pauvre Janie n'arrêtait pas de tousser à cause des bourrasques de sable venant de la plage, Alain nous raconte sa carrière dans l'aviation en Afrique. Il a même participer au Paris-Dakar il y a une vingtaine d'années haha. Bref, de sacrés phénomènes.

On se réveille le lendemain, déterminés à parcourir à pied les 19 km nous séparant de la route où on pourra reprendre le stop. 7km plus loin, on entend un coup de klaxon derrière nous : c'était Janie & Alain qui en fin de compte avait décidé d'écourter leur séjour dans le parc ! Du coup, ils nous font monter dans leur camping et nous avancent jusqu'à la prochaine ville... Enfin de retour à la civilisation, où la nourriture s'achète et où des sanitaires sont construits un peu partout...

Y ahora, un resumen en español ;)

El parque Nacional (por favooor, nacional) Monte León se ubica al sur de la provincia de Santa Cruz.
El Lonely Planet dice que es un lugar hermoooso, con paisajes de locura y un camping gratis en la playa. Sin embargo, no precisa que llegar allá  es casi imposiiible sin tener su auto propio… Lo hemos descubierto un poquito tarde :/
Llegamos (haciendo dedo) a lo que parecía ser la entrada del parque Monte León. Pero los guardas parques nos dijeron que la verdadera entrada se quedaba a 25 km de aquí… Estaba casi llorando pero Pierre me convenció de seguir y de ir a visitar el parque de todo modo. Tuvimos muchísima suerte, porque una familia de hippies en una camioneta aceptó de llevarnos hasta el área de acampamiento del parque, frente a la playa (peeeeeeeero no gratis haha).
Como había muuucho viento, no armamos nuestra carpa enseguida.
El Lonely Planet dijo la verdad cuanto a la belleza de esa parte del fin del mundo. No había nadie, sino unos guanacos alrededor de la carpa nuestra.



Al fin de la tarde, encontramos una pareja de franceses jubilados, que viajaban en un camping car. Ellos nos invitaron a tomar un cafecito en este hotel cinco estrellas (si comparamos con la carpa…)
El día siguiente por la mañana, nos levantamos re temprano para hacer la caminata de vuelta hasta la RN3. Tuvimos el tiempo de caminar 7 km cuando escuchamos alguien tocar el pito: era la pareja de franceses quien nos hicieron subir en su camping car haha.
Asi, llegamos en Piedrabuena con ellos.  Se fueron y parecían muy felices de haber encontrado un par de jóvenes con quien charlar un ratito ;)
Al fin y al cabo, hemos hecho 400 km haciendo dedo, y era muy buena onda =)


Puerto San Julian

Il y a déjà trois bonnes semaines, nous avons poursuivi notre périple le long de la RN3. Puerto San Julian est un bourg isolé donnant des vues fantastiques sur le Pacifique. 
Considéré comme le berceau de l'histoire patagonne, le port de San Julian fut abordé pour la première fois en 1520 par Magellan. La rencontre de ce dernier avec la population telhueche locale donna à la région son nom mythique : Magellan aurait appliqué aux Telhueches le terme "patagon" qui désignait un monstre dans un roman de chevalerie de l'époque. On a d'ailleurs visité le musée du Nao Victoria, une réplique du bateau de Magellan.

Nao Victoria, réplique du navire de Magellan

Magellan aura laissé beaucoup de traces dans la région : 
- Comme je l'ai dit précédemment, le surnom du sud de l'Amérique, la "Patagonie" mythique,
- le fameux "détroit de Magellan",
- les pingouins de Magellan, qui auraient été baptisés ainsi en référence à la démarche boiteuse de Magellan.

Cette étape a été très utile pour nous. On a réussi à trouver une tente d'occasion au camping du coin, tente relativement légère que je me suis trimbalée durant le reste du voyage haha. 

La Bahia San Julian est un lieu splendide. Les marées sont assez importantes et la mer se retire sur plusieurs dizaines de mètres, laissant des espèces de flaques d'eau bleutées. Le sol chargé de sel a la même texture qu'une carrière de Toubin & Clément (clin d'oeil aux cavaliers ;)